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Ordre de naissance des enfants et science « numérologique » des anciens Akan

Les Akan ont des attitudes spirituelles particulières selon l’ordre de naissance des enfants. Les Akan croient que certains enfants, selon leur ordre de naissance, ont une âme dangereuse. D’autres en revanche ont une âme bienfaisante par rapport à leur ordre de naissance. Le huitième enfant dans l’ordre de naissance et les jumeaux sont très honorés. … Continuer la lecture de « Ordre de naissance des enfants et science « numérologique » des anciens Akan »

Les Akan ont des attitudes spirituelles particulières selon l’ordre de naissance des enfants. Les Akan croient que certains enfants, selon leur ordre de naissance, ont une âme dangereuse.

D’autres en revanche ont une âme bienfaisante par rapport à leur ordre de naissance. Le huitième enfant dans l’ordre de naissance et les jumeaux sont très honorés.

Un culte appelé Nyagon/Nyagonle/Nyame Dua/Nyamien Baka leur est consacré. Chez les Anyi Djuablen, ce culte célébré deux ou trois fois l’an est appelé Nyamien du nom même de Dieu. Il a lieu samedi jour par excellence de Nyamien. Nyame Dua/Nyamien Baka veut dire « arbre de Dieu » et Nyagon/ Nyagonle signifie « marque de Dieu ».

Le huitième et le neuvième enfant dans l’ordre de naissance ainsi que les jumeaux sont appelés Nyagon ma/Nyagonle malè ; c’est-à-dire les enfants qui portent la marque de Dieu. Ils sont vus comme des enfants ayant une âme pure. Le huitième enfant dans l’ordre de naissance est appelé Nyamekè/Nyamekyè, c’est-à-dire, « don de Dieu ».

Le nombre huit ferme la boucle du cycle de la semaine akan, à savoir l’Ampene/Amgbene/Amgbe.

Le neuvième enfant reçoit pour prénom Nyagonlan/Nyonhan/Nkruma et est vu comme un enfant de Dieu. Chez les Nzema, les jumeaux Nda/Atta/Ndalè de même sexe sont désignés par le terme Ndalè Entelema et, ceux de sexe différent, par celui de Ndalè Takyimanta.

Le rituel appelé Benua étymologiquement signifie « éteindre, adoucir » et vise à consacrer l’âme des jumeaux qui sont vus comme une seule et même personne. Les trois types d’enfants que sont les jumeaux, huitième et neuvième enfants dans l’ordre de naissance, voient leurs âmes consacrées par un sanctuaire placé au milieu de la cour et qui n’est autre que le Nyagon/Nyagonle/Nyame Dua/Nyamien Baka dont nous avons parlé.

Le troisième enfant de même sexe que ses deux aînés, quand il est de sexe masculin, est appelé Miezan/Mensa/Amessan. Quand il est de sexe féminin, il est appelé Manzan/Mansan. Le troisième enfant qui entre dans ce cadre est considéré comme ayant une âme bienveillante.

En revanche, l’enfant né en troisième position et qui n’est pas de même sexe que les deux premiers est appelé Kyendô. Ce type d’enfant a une âme que les anciens akan croient dangereuse. On accomplit à son endroit le rituel Enlualè (« éteindre ») pour apaiser son âme. Chez les Wawolé, un tel enfant dans les temps passés était purement et simplement éliminé.

Le cinquième enfant dans l’ordre de naissance Anlunli/Anlu est également considéré comme ayant une âme vindicative et mauvaise et il sera procédé au même rituel Enlualè d’apaisement de son âme.

Le sixième enfant Azane/Essane/Essan/Nyamessan et le septième enfant Assouan/Anzouan sont vus comme ayant chacun une bonne âme.

Il en est de même pour l’enfant puîné des jumeaux. Il se nomme Aliman/Animan/Amani.

L’ordre de naissance chez les anciens akan comme on le voit, cache une véritable « numérologie ».

Trois, six, sept et surtout huit et neuf sont des nombres que les Akan considèrent comme porteurs de grâces, de bénédictions.

Les enfants nés selon l’ordre de ces nombres sont considérés comme ayant chacun une bonne âme. Dans le cas du troisième enfant, il doit être de même sexe que ses deux aînés, comme si en la matière les anciens akan tenaient absolument à la symétrie des formes.

Le premier enfant et le deuxième enfant sont des enfants ordinaires.

Le dixième enfant Brou/Badu n’est pas perçu de la même façon dans le monde akan. Les Nzema, les Anyi Sanvi et les Borbor Fante le voient comme ayant une âme dangereuse. Les Borbor Fante font un rituel appelé Atormuadze afin de calmer son âme mauvaise pour en faire un enfant ayant une âme ordinaire. Le même rituel est exécuté pour calmer l’âme de l’enfant qualifié d’Amou/Amu, c’est-à-dire celui né d’une mère qui n’a pas eu trois menstrues successives avant de tomber enceinte.

Une fois encore l’importance du nombre trois.

Les anciens nzema éliminent le dixième enfant et l’Amu [24]. Par contre, chez les Abouré, le dixième enfant dans l’ordre de naissance est fêté, célébré car il marque le couronnement d’une maternité féconde. Lui et sa mère sont richement parés et promenés dans la cité.

Le dernier enfant à recevoir un nom particulier dans l’ordre de naissance chez les Akan est le onzième enfant. Il se nomme Edounkou/Edunku/Loukou. C’est lui que les Nzema célèbrent comme couronnement d’une riche maternité. Ils l’appellent « le vrai ou le bon dixième enfant », Haalè boulou kpalè.

ALLOU, Kouamé René (département d’histoire, université Cocody-Abidjan)

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