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Les yakouba (Dan)

L'origine de Yacouba reposerait sur un quipropo : à des explorateurs qui lui demandait à quel peuple il appartenait, un indigène de la région de Man dans l'ouest de la Côte d'Ivoire aurait répondu "yacouba", ce qui signifie dans sa langue natale "il dit". IL existe plusieurs petits clans des Dan ou Yacouba. Aucun ne dit Yacouba pour dire "il dit". Il existe un seul qui le dit mais il dit "yapemar". D'autres disent "yapenima"ou encore "yapenin"qui n'ont rien à voir avec tout ça. Selon certains, YACOUBA qui veut dire Jacob.

Ce nom leur aurait été donné pendant leur migration par les arabes.Raisonnement certainement subjectif.Mais on affirme que les Dan de Côte d’ivoire viennent du Tchad. Et qu’ils font partie du groupe mandingue qui vient, selon certains historiens, du Tchad. Les Yacouba seraient descendus du Mali pour s’installer en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la langue que parle les Dan est composée essentiellement mots et expressions malinké, bambara et de peulh, entier ou déformé. Exemple : ‘tu t’appelles comment’ se dit en Bambara, ‘i to go bé di’ et en Dan, « i to go dé » La voiture arrive se dit : monbribénan en Bambara, et monbrinounanen Yacouba.« Femme »se dit : « débo » en Peulh et aussi « débo »en Yacouba. La langue se dit « Nimgal »en Peulh et « Nimga » en Yacouba. Il existe aussi des mots et expressions Bissa et du peuple Dogon ou Dogonon. Dans certains villages Yacouba, ils vous diront qu’ils sont des descendants directs des Peulhs.

Il existe des Yacouba avec des balafres sur la joue. Les noms que portent les Yacouba sont en générale des noms à résonnance Malinké, Bambara ou Peulh,souvent déformés ou intégraux, Tous les Yacouba peuvent se faire appeler Dan. C’est le nom lié à leur histoire et qu’ils donnent à leurs enfants. Savez-vous que le fondateur de Sipiloua été formé par un certain Si ou Sy? Ou que le village de sowpleu a été créé par un certain sow? Savez-vous que ce peuple a plusieurs alliances avec des peuples se trouvant hors de la Côte d’Ivoire,alliances qu’on ne peut expliquer. Exemple, les Bissa du Burkina ou les Bobos de bobodioulasso vous diront que les Yacouba sont passé chez eux. Mais à la vérité, les peuples venus du Tchad ont tissé une très forte alliance. C’est pourquoi les Dan ou yacouba font alliance avec les senoufos dans leur ensemble, les Samo, les Bissa etc. Les Dan ou Yacouba de Côte d’Ivoire vous diront que leur alliance avec les Peulhs, et est une alliance de sang.

Certains Peulhs disent que les Yacouba ont du sang Peulh ou encore, qu’ ilsforment le même peuple qui s’estséparé. Pour plaisanter, les deux peuples s’accusent mutuellement. Le yacouba accuse le peul d’avoir volé sa peau d’animal pendant leur exode et vice versa. En fait, l’origine véritable des peulhs, c’est l’éthiopie alors les Yacouba viennent d’Ethiopie. Beaucoup de Yacouba ressemblent à des Peulhs. Le peuple Dan est un peuple dénaturé qui essaie de trouver ses origines. La seul chose qu’il sait, c’est qu’il viendrait d’Israël. Mais il n’existe pas matériellement de preuves concrètes. La tradition dit que depuis des générations les ancêtres des Dan ou Yacouba viennent d’Israël. Ou encore que leur race est sortie des gens qu’on appelle juifs.Pourquoi donc cette volonté d’appartenance? Nul ne saurait répondre.

Certains intellectuels restent persuadés que les Dan feraient partie des tribus perdues d’Israël, à cause du nom Dan inscrit dans la Bible et aussi à cause de l’appellation Yacouba qui est, selon certains, une déformation de Jacob. Il faut dire que tout cela n’exprime pas une volonté de supériorité sur d’autres peuples, mais plutôt la recherche de l’histoire du peuple Dan qui reste méconnue. Leur langue est le dan, une langue mandée qui compte environ un million de locuteurs, dont 800 000 en Côte d’Ivoire (1993), 175 000 au Liberia (1993) et quelques centaines en Guiné,

Le Sous-groupe Dan

Ce sous-groupe comprend deux peuples étroitement apparentés : les Dan ou Yakouba et les Wen ou Toura.

Les Dan ou Danpomenou ou Yakouba (Nou est la marque du pluriel)

« Ceux qui parlent le dan », sont parfois désignés à tort sous le sobriquet malinké de yakouba. Avant le XVI ème siècle ils se trouvaient dans le Maou, pays de Touba, où leur langue subsiste en îlots, mais d’où ils ont été refoulés par par les Malinké Dyomandé; Ils ont alors occupés en masse les montagnes granitiques de Man puis, aux XVIII ème et XIX ème siècles, ils se sont étendus plus au sud, sur la pénéplaine forestière vers Danané et Toulépleu et en traversant le Nuon, dans le territoire actuellement Liberien. Au cours du XIX ème siècle les Diomandé Sakuraka, seigneurs du Maou, ont établi une tête de pont à Doué, sur le Bafing, et ils se sont fortement métissés. Ces conquérants se sont ralliés à Samori et n’ont été arrêtés que par l’arrivée des Français. Ceux-ci ont arrêté l’Almani près de Man, dans la village Dan de Gélémou, le 29 Septembre 1898.

En dehors des îlots Dan et Maou, dont la culture est fortement influencée par celle des Malinké, on peut distinguer chez les Dan deux zones marquées par des différences sensibles dans la langue et la civilisation. Ceux du nord, dans le massif de Man, sont des Dan proprement dits ou Damènou. Ceux du Sud sont des gens de la forêt ou Boutyouleumènou.

Les villages Dan très petits, sont accrochés à des sites défensifs, et se succèdent à courte distance dans les montagnes du nord. Quel que soit leur site, ces villages sont reconnaissables à leurs belles cases rondes confortables, dont le toit élevé est bien adapté à un climat pluvieux.

Comme presque tous les peuples Mandé, les Dan sont organisés en lignages patrilinéaires, mais ceux-ci ne sont pas répartis nettement en clans et la notion même de clan paraît disparaître dans le sud. On a donc affaire à un fourmillement de lignages autonomes (lè), dont quelques-uns se groupent pour constituer un village (ple).

Ces villages assez petits constituent l’unité politique de base et leur gestion est démocratique, fondée sur le principe de l’égalité des lignages. Plusieurs villages forment une alliance ou (se), mot que les colonisateurs ont traduit par tribu. C’est seulement dans le Nord, sous l’influence Malinké, que ces (se) se sont transformés en petites chefferies. Mais la société Dan reste une société foncièrement égalitaire, démocratique, sans état. Elle ne possèdait pratiquement pas d’escalves, les prisonniers étant intégrés ou vendus aux Malinké.

Leur religion repose à la fois sur le culte des esprits de terroir, qui se développe en panthéon, et sur celui des ancêtres, dont le rôle est fondamental. Ce sont ces esprits et ces ancêtres qu’incarnent les nombreux masques que leur style très remarquable oppose à la fois à ceux des Manon et Guerzé, dominés par le poro, et à ceux des Wènion (Guéré et Wobé). Leurs voisins de l’Ouest leur ont cependant transmis plusieurs masques, notamment des échassiers.

En l’absence d’une grande société comme le poro, la contrainte sociale est relativement faible. La formation des citoyens repose avant tout sur l’initiation, organisée autour de la circoncision qui est pratiquée chaque année.

Occupant un pays en partie montagneux, où le climat, très humide, est marqué par une longue saison de pluies, les Dan sont avant tout des agriculteurs dont les produits de base sont le riz et le manioc. Celui-ci paraît s’être substitué depuis le XVI ème siècle à l’igname, qui garde un rôle rituel. Il s’agit ici d’une agriculture itinérante sur brûlis nécessitant tous les deux ans de nouveaux défrichements. D’autres produits secondaires y figuraient, comme la banane plantain, dont le rôle est important, le coton, et , depuis le XVI ème siècle, le maïs et l’arachide. La kola, généralement exporté vers le nord, contribuait à mettre le pays en rapport avec le monde extérieur.

Les Dan contrairement à d’autres peuples forestiers, possèdaient jadis, en nombre, des bovins de la petite race dite « des lagunes », bien adaptés au milieu. La pêche en rivière et la chasse jouaient un rôle notable dans leur économie, surtout dans le sud où le gibier était abondant. Cette économie a été bouleversée à l’époque coloniale par la diffusion de cultures d’exportation, et particulièrement du café.

L’étude de la civilisation matérielle des Dan révèle à la fois d’anciennes traditions venues des savanes, renforcées sans cesse par de nouvelles influences, et une remarquable adaptation au milieu forestier. Leurs grandes et belles cases rondes évoquent celles des Malinké du Sud, de même que les techniques de leurs tisserands et de leurs forgerons. Ceux-ci travaillaient cependant surtout du fer importé des pays du nord. Bien que le commerce à longue distance des Dioula, acheteurs de kola, ait été cantonné jusqu’au XIX ème siècle sur les franges nord du pays Dan, de grands marchés hebdomadaires, dont le contrôle était lié à un certain pouvoir politique, couvraient la région d’un réseau serré d’échanges.

Malgré son caractère accidenté, le pays Dan n’a donc jamais été un monde refermé sur lui-même comme la grande forêt sur laquelle il mord vers le Sud.

Sources et Documentations :
-I.L.A – Institut de linguistique appliquée
-Awinzo

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