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La langue mahou

Le système de communication chez les Mahou est dense, partant de la langue parlée aux autres formes de l'oralité que sont l'art du griot et les instruments traditionnels de communication.

La langue mahou
Connaître une langue, c’est connaître le peuple à qui cette langue appartient, dit-on. De même, la langue mahou est un des tremplins intéressants pour la connaissance de ce peuple.

Il n’est pas superflu de mentionner d’abord que la Côte d’Ivoire est constituée de plusieurs ethnies (environs 70) et le statut linguistique du pays est assez complexe. En effet, chaque ethnie parle sa langue; le français (langue coloniale) étant la langue officielle.

Cependant, depuis l’adoption de la Constitution du 23 juillet 2000, «la loi fixe les conditions de promotion et de développement des langues nationales.» Les ethnies sont regroupées en quatre grands groupes selon les critères linguistiques, et depuis 2000 certaines langues dont le mahou ont été choisies pour être enseignées dans les écoles.

L’Etat a compris là, ce que les techniques pédagogiques d’apprentissage révèlent de façon indéniable, à savoir que le nouveau apprenant est plus efficace s’il apprend à partir de sa langue maternelle. Et la langue est un facteur de développement, car élément catalyseur de formations adéquate et efficiente. En fait, l’assimilation de ces formations dépend de la bonne compréhension des enseignements reçus. Or c’est à travers la langue maternelle que cela est le plus aisé. C’est pour cette raison, entre autres que la langue maternelle est plus que jamais prise au sérieux par les Savants de tout temps; ce qui a emmené d’autres à dire avec raison que « tant qu’un peuple vaincu n’a pas perdu sa langue, il peut garder espoir. »

Le mahou: langue du père, langue du terroir
La langue mahou est du groupe Mandé-Nord ou Manding. Dans ce groupe, la SIL classe le mahou dans la chaîne Nord-Ouest comme suit: Xassonké – Maninka – Bambara – Dyula – Konyanka – Wassulunka – Diakhanka – Mandéka – Mahouka – Bo – Kuranko, etc. Ces différentes langues sont aujourd’hui promues dans la bouillante association linguistique et culturelle du n’ko pensée par Souleymana Kanté. N’ko signifie je dis dans toutes les langues mandingues. A travers ce vocable, les Manding se reconnaissent et se font reconnaître.

La langue mahou ou mahoukakan est une langue mandingue. Mais, le mahou a une caractéristique dialectale très prononcée, rendant sa compréhension difficile des autres locuteurs du même groupe. Aussi les Mahou ne savent pas bien parler le dyula et les langues apparentées. L’isolement dialectal du mahou est justement la principale particularité de cette langue; laquelle particularité pourrait être expliquée en partie par la proximité de la langue mahou avec celles des Kla et des Youaanigbè. Au fil du temps, il y a forcement eu emprunts voire mixage à certains niveaux.
Le mahou est constitué de six dialectes : mahoukakan [mahoukakanŋ], tenegakan [tɛnɛga kanŋ], finagakan [finagakanŋ], korokan [korokanŋ], baalakakan [bhaalakakanŋ], gbeèkakan [gbɛɛka kanŋ]. Cependant, la variation n’est pas importante entre ces 6 dialectes.

Les Mahou estiment que le mahou est leur « langue paternelle »; ne dites pas langue maternelle. Ce fait relève du caractère phallique, c’est-à-dire viril de ce peuple. Fiers de leur langue, les Mahou la parlent dans toutes les circonstances dans les villages, les assemblées, les transactions. C’est la langue des événements heureux (mariage, naissance, baptême, ou toutes autres cérémonies coutumières) voire malheureux (décès). Du coup, chaque membre se sent intégré dans la société Et ce facteur sociologique de la langue fait de l’individu un être épanoui; par ailleurs il accroît ses capacités à réaliser correctement le discours pour être davantage reconnu par les siens en s’approchant des aînées ou du terroir. Cette situation résulte par la maîtrise du mahou, d’où les bonnes formulations et le foisonnement de références imagées (paraboles, sentences, hyperboles, etc.) donnant ainsi l’effet voulu au propos. Mais la parole, couteau à double tranchant, doit être prononcée après une bonne dose de réflexion. Des expressions particulières et appropriées existent pour interpeller une vieille personne ou pour designer une quelconque partie de son corps, au risque d’être puni. La langue sert ainsi de cordon entre les Mahou. A l’opposé, un Mahou qui ne sait pas parler sa langue, la langue du père, est considéré être un acculturé.

Fait notable: Même en dehors de sa région d’origine, le Mahou reste fortement attaché à sa langue, drainant et gardant ainsi avec lui les valeurs ancestrales et son identité culturelle. Au fait, une enquête de la MELCI (Mission Evangélique Luthérienne en Côte d’Ivoire) menée en Abidjan en juillet 2004, relève que près de 90 % des Mahou parlent leur langue à domicile. C’est donc un peuple apparemment renfermé et conservateur.

A côté de la langue parlée, l’orthographe du mahoukakan a été établie depuis 1997 par l’ILA (Institut de Linguistique Appliquée) et la SIL. Cette orthographe est essentiellement basée sur les caractères latins.

Source: mahouweb.net

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