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L’origine des Gouro

Dans la tradition des peuples Krou, chaque groupe ethnique a son histoire qui l'identifie dans la société dont il jouit pleinement et qui fait sa fierté.

Aussi, le peuple frère Gouro dont il s’agit ici, a bel et bien, son histoire authentique qui ne peut désormais se trahir, ni subir des modifications de complaisance pouvant la rendre probable. C’est la raison pour laquelle la contribution d’aujourd’hui porte à éclairer les origines de ce vaillant peuple et ses liens avec les Bété autrefois. Depuis l’éclatement du peuple SIAN, fondateur de la Côte d’Ivoire (Loglèdou), les Gouro font partie intégrante des SIAN forestiers (Bété). Pendant des siècles, ils ont vécu ensemble, en une seule famille, dans cette forêt naturelle où ils ont mené une vie communautaire sans remous sociaux.

Mais, chemin faisant, ces hommes primitifs devaient, à un moment donné, rencontrer des difficultés de cohabitation dans cette forêt vierge. Au cours de leur vie traditionnelle, voici qu’une puissance mystique, émanant d’un arbre naturellement génial que les Français appellent (Iroko), les Bété (Djédjé) et les Gouro (Gowlè) s’emparent de quelques personnes, bénéficiant de la force mystique, se constituent en une communauté minoritaire très puissante et deviennent: (SIAN mystiques); en terme bété (Zilignoan) d’où l’origine du nom (Zirignon) chez les Bété.

Autrefois, les anciens hommes vivaient de la chasse traditionnelle dans les forêts du pays primaire, selon leurs coutumes africaines. Devenus surnaturellement forts, les SIAN mystiques (Zilignoan) veulent imposer leur domination à la majorité, réclamant leur part au régalienne au moment du partage de gibiers. Ce qui n’a pas été de leur goût. Les majoritaires s’en prennent alors à eux en les traitant de (bilignoan), ce qui veut dire: (trompeurs). Voilà où est née l’incompréhension. N’étant donc pas contents de ce traitement qu’ils qualifient d’humiliant, quelques échauffements éclatent et les Sian mystiques menacent de quitter la grande famille des Sian forestiers. Dans cette température chaude, ils engagent des négociations afin de parvenir à un apaisement social, mais en vain. Alors, les sages, du côté majoritaire disent en patois magogé (Bété): (GIou wanamè), ce qui veut dire: (ils ne vont pas dans le trou). D’où le nom (Gour) qui devient: (Gouro) par le système colonial. Aujourd’hui, le même terme (GIou wanamè) chez les Gouro veut dire (il y a trou là bas). Les frères Gouro ne diront pas le contraire. Aussi, de nos jours, les Gouro appellent les Bété SIAN. Il y a eu également chez les Gouro le nom Nanan Sian dans les temps très anciens. Voir le livre d’histoire CE1/CE2, couverture drapeau national, page 12 édition CEDA; vous y trouverez ce vieux nom : (SIAN), première appellation des peuple Won-fondateur de la CI actuelle depuis 1069 (11è siècle) après Jésus-Christ.

Authentiquement, les Gouro sont partis du peuple Bété, ils ne viennent pas d’ailleurs. Comme les Bété, eux aussi, sont partis du peuple Krou, craignant des eaux, pour la forêt. Depuis notre existence sur la terre des vivants, il n’y a pas de peuple qui soit tombé du ciel, ni sorti de la terre des lieux de sa résidence. Tous les peuples bougeants ont des origines quelque part. C’est avec le nom (Gour) qu’ils se séparent de leurs frères Bété pour la savane du pays où ils bâtissent leur premier village qui est Bouaké actuel. En 1720 (18è siècle), les Baoulés, en provenance d’EL MINA (GHANA), les trouvent dans cette zone et cohabitent ensemble sans obstacle particulier. Au 19è siècle, les Français (colonisateurs), découvrent dans une même zone, deux groupes d’hommes qui vivent des coutumes différentes: (Patriarca et Matriarca).

Mais, répondant à la question que le colon leur a posé de savoir qui est là le premier? Un Baouli prend la main d’un Gour et dit en son patois (yo ôlè), ce qui veut dire (c’est lui est là) qui devient (Yowlè) par le système colonial, qui n’a pas sens dans la tradition Akan. Il n’y a donc pas de Baoulé Yowlè, mais Gouro Yowlè, l’objet principal de l’expression. Cependant, ce n’est pas parce que les Baoulé ont trouvé les Gouro au Centre du pays au 18è siècle, et que les Français ont trouvé les deux groupes d’hommes (ivoiriens) dans la même zone au 19è/20è siècle, que les Gouro sont considérés premiers locataires de la terre des Sian de 11è siècle et les Ebumea de 15è siècle. Les Gour vivent alors dans la savane du pays. Mais, la situation climatique n’étant pas conforme aux principes de leur nature, les Gour, fuyant les forces naturelles, reviennent dans la forêt où ils bâtissent leur deuxième village qui est Oumé actuel. Donc les deux villes: Bouaké et Oumé sont une main d’reuvre des Gouro et non ceux qui les occupent aujourd’hui. (L’histoire authentique).

Historiquement, les Gouro ne sont pas les premiers habitants du pays des Sian, fondateurs de la Côte d’Ivoire en tant que Gouro. Ils sont partis du peuple Bété, suite aux évènements précités. En fait, tous les peuples qui composent la Côte d’Ivoire ont chacun une histoire qui l’identifie dans la société, et qui fait sa force naturelle. Par groupes ethniques, chaque peuple ivoirien est situé dans son placement géographique, tenant compte de son histoire depuis les bases, par date d’arrivée sur le terrain. Comme par exemple: les ivoiriens de l’ouest, centre-ouest et du sud-ouest sont en place depuis le llè siècle; les ivoiriens du sud et de l’est sont en place depuis le 17è siècle; les ivoiriens du centre sont en place depuis le 18è siècle; les ivoiriens du nord sont en place depuis le 20è siècle.

Historiquement, c’est par ces bases là qu’on reconnaît celui qui mérite le droit d’aînesse. Ce n’est pas compliqué. Mais lorsqu’on ne veut pas reconnaître à qui de droit qu’il y a problème. Si c’est la date de 18è siècle qu’on prend pour établir l’histoire de la Côte d’Ivoire, attribuant le droit d’aînesse à ceux que les Français (colonisateurs) ont trouvé au centre du pays au 19è siècle, ce n’est pas juste, pour ne pas dire que c’est faux, par rapport à ceux qui étaient déjà en place depuis 1069 11è siècle) et que les Portugais ont découvert en 1469 (15è siècle), les Anglais au 17è siècle au Sud du pays.

Certes, les hommes sur terre ont leur histoire liée à leurs origines comme un cordon ombilical. Elle mérite d’être respectée, parce que c’est un vécu fondamental qui ne se négocie pas pour faire plaisir aux uns et bafouer les autres. Les hommes d’autrefois avaient des lois et règles traditionnelles qu’ils observaient, au quotidien, selon leurs coutumes africaines. Aujourd’hui, toutes les vertus fondamentales sont rejetées par la société moderne, et l’histoire des peuples est victime des retouches malhonnêtes de la part de ceux qui n’ont pas le droit de l’écrire. C’est-à-dire, ceux qui n’ont pas reçu des mauvais cours d’histoire et qui ne peuvent assumer sa continuité comme il se doit, ni défendre leur pays historiquement. Car, dans la vie des hommes, l’histoire est la boussole qui indique le chemin à suivre pour aller vers le progrès et les droits sociaux. Elle est aussi l’esprit des peuples et fretus de l’humanité. Elle définit les origines et les droits de chacun et met tout homme à l’aise. Elle est d’une grande importance. Voilà pourquoi l’obligation est d’assumer pleinement sa continuité de génération en génération. Il faut alors refaire l’histoire des peuples de Côte d’Ivoire qui revêt pourtant d’intérêt primordial.

Séri Lotchi Raoul
(Drépalogue)

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