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Historique de la fête des ignames chez les Agni N’dénian

Lors de la fuite de la tribu Takiman conduite par Nanan ANO Kpangni, les épreuves furent difficiles et insupportables et même mortelles pour certains. Pour étancher leur soif et lutter contre la faim, c'est une liane gorgée d'eau (krêlê, ou éfignaman, lianes à la sève lipide et très fraîche) dont ils se servirent.

L’igname « Baylè », sauva la vie de nos aïeux, grâce aux éléphants qui en avaient consommés et qui, sur leur passage en avaient abandonné fraîchement et même dans leurs excréments. La tribu en consomma non sans crainte. Heureusement, elle survécut. Certains ont en fait des provisions. Suite à des malaises constatés après sa consommation par les « Dyhié, les nobles » alors les komiens, les oracles avec leurs sciences dont ils ont seuls la connaissance et la maîtrise conseillèrent des sacrifices suivis de cérémonies de purifications et d’exorcisme avant que les nobles et les détenteurs du pouvoir traditionnel n’en consomment. C’est pourquoi tant que ces dignitaires n’ont pas sacrifié à ces rites traditionnels de célébration, ils ne peuvent en aucun cas consommer l’igname. Comment ne pas alors honorer ce tubercule qui leur a permis de résister aux affres de la faim, et aux souffrances ?

La célébration
L’avant veille de la grande fête, le mercredi matin très tôt, les femmes en procession vont faire le Moumoumey, danse, procession réservée uniquement aux femmes d’un certain âge. Cette procession accompagnée de chants de bénédiction et de purification sur la principale artère, a pour but de conjurer le mauvais sort, d’éloigner les mauvais esprits et de demander à Gnamien pli et aux dieux de répandre leurs grâces sur le peuple.

Les femmes en cache-sexe et couvertes de kaolin chantent et dansent jusqu’à la tombée de la nuit. Le kinianpli prend la révèle alors pour annoncer le jeudi soir aux ancêtres que la fête se prépare. Pendant des heures, le kinianpli va résonner. Ainsi le lendemain, c’est-à-dire le vendredi saint (Anan ya), les femmes parées de leurs plus beaux atouts blancs et les hommes de blancs vêtus font mouvement vers la cour royale, lieu de la célébration. Sur leurs visages des tatouages de kaolin bien symboliques.Quelques femmes de la cour commencent à asperger la place de la cour d’un mélange de kaolin, d’eau et de « souffien » pour purifier les lieux. Avec cette mixture, le peuple rassemblé va aussi se badigeonner le corps afin d’être purifié et béni. Le kinianpli annoncera la grande parade royale. Le Roi peut se faire porter dans son hamac ou parader à pieds. L’entrée du Roi dans la cour est précédée des chants de joie des femmes « ossey-yé ». le peuple acclame son Roi qui fait le tour d’honneur pour le saluer et lui témoigner son amour et aussi sa considération. Le Roi prendra place sur la chaise royale entouré des portes cannes, des chefs de cantons, de villages, des notables et des chefs de cour et de familles. Les chants de joie, le kinianpli se font entendre pendant un moment de même que toutes les danses. Pendant ce temps, le gardien du trône fait sortir les différents sièges royaux de leurs sanctuaires dont lui seul connaît le secret et les dispose bien en vue et selon l’ordre de succession des différents Rois. Chaque Roi défunt est dépositaire d’un siège s’il a été un roi digne. L’officiant prend soin de faire l’invocation pour implorer le Dieu suprême, la terre nourricière, la mémoire des ancêtres, les esprits de nos rivières et de nos forêts pour leurs demander qu’ils protègent de tous les maux le Roi, son peuple et tous les hôtes. Vient alors une autre phase. Le Roi fera pour l’occasion des dons (bœuf, moutons, caisse de gin) pour les offrandes aux ancêtres. Les offrandes sont présentées au gardien du trône qui à son tour les présente aux « bia » avant d’officier la cérémonie d’immolation. Il rend compte de sa messe avec les ancêtres (offrandes acceptées ou refusées). Le sang des animaux sacrifiés sera alors répandu sur les sièges, du « N’voufou » d’igname sera déposé sur chaque siège royal quand l’offrande est acceptée.

Le « N’voufou » d’igname sera distribué par petites poignées à tout le monde. Le foie des animaux sacrifiés sur l’autel sera vite boucané et découpé en petits morceaux et distribué aussi.  » Ne refusez jamais le « N’voufou » et le foie qu’on vous présente, ils apportent le bonheur et la prospérité « .Attention, ce foie là ne doit être consommé que par les femmes ménopausées. Pendant tout le cérémonial de l’officiant principal, le Roi va délivrer son message de l’année à son peuple. Les danses, le kinianpli, les chants de joie accompagnent et s’intercalent pour marquer leur approbation, leur adhésion totale au message qui leur est délivré et leur dévotion.La place de la cour royale grouillante de monde reste bruyante jusqu’à ce que le gardien du trône vienne annoncer la fin de la messe à laquelle il a présidé. La cérémonie s’étant déroulée dans les meilleures conditions, le Roi accompagné de sa cour fera une deuxième parade avant de se retirer pour recevoir les félicitations. Cependant les chants et les danses continuent jusque tard dans la nuit.Le « N’voufou » sera épandu ça et là, à la cour royale et dans toutes les autres cours à destination des Esprits.

Ce jour là, marque le début d’une nouvelle année chez l’Agni N’denian ; dans toutes les cours tout doit être renouvelé : tisons et eaux de canaris ; les pilons, les mortiers et autres objets à usages quotidien sont nettoyés et tatoués de kaolin.Ce n’est que maintenant, que les chefs de cour peuvent à leur tour procéder à des cérémonies d’exorcisme et de libations chez eux et que la nouvelle igname peut être vendue sur les marchés locaux. La célébration de la fête des ignames est une cérémonie majeure qui préoccupe autant les autorités coutumières que les populations car c’est un moment de communion entre le peuple et son souverain, entre les vivants et les morts. C’est un grand moment de partage.

En 2006, le royaume N’denian a été arrosé par une forte pluie la nuit dès la fin des célébrations et pourtant depuis plus de quatre (04) mois la pluie se faisait attendre.
En 2007, la veille dans la nuit du jeudi à vendredi, le royaume a été arrosé par une forte pluie. Pendant la célébration, la pluie s’est mêlée de la partie.
En 2008, cinq (05) jours après cette célébration les pluies sont tombées sur le royaume. Les ancêtres, les dieux participent bel et bien à la fête !
En 2009, deux semaines après le royaume a été arrosé par ses premières pluies, le 01/02/2009.

Les variétés d’ignames
Eluépka :
Akaco, Sangoyra, Seplê, Affou, Essoun nangloman, Ebouassuéklévoua, Assobayrê et Matranganganlué

Bodo-bètèbètè
Sapiê, Bodokokoré, Akassa, Soglan, Mafou, Bodofoufoué.

– N’zagne: variété tardive couleur violacée.
– N’zagne tika, N’zagne tindingne

L’ordre de célébration de la fête des ignames dans le Royaume

– Aniassué
– Yakassé-Feyassé
– Niablé
– Apprompron Affêwa
– Abengourou
– Adahou
Les autres villages du Royaume font juste des cérémonies d’adoration, des sanctuaires aux morts et des libations parce que n’ayant pas de bia.

Le tano sô
Au lendemain de la célébration de la nouvelle igname (fête des ignames), tous les parents, toujours de blanc vêtus vont se diriger vers le sanctuaire, du Tano, rivière protectrice. Les familles possédant un sanctuaire dédié aux génies de cette rivière dont la source se trouve dans l’actuelle Ghana vont lui faire des offrandes. Tous les membres de la famille qui au cours de l’année écoulée ont à un moment ou à autre sollicité les faveurs et la protection des génies de la rivière Tano, ou qui le désire se doivent de venir témoigner leur reconnaissance auxdits génies et leur exprimer leur gratitude. D’autres membres de la famille profiteront de cette occasion pour formuler leur souhait, leur désir et leur espérance.

En cette occasion solennelle des offrandes seront faites en faveur des esprits, des génies du Tano ; ce sont entre autres des œufs, des poulets, des moutons et selon la grandeur des sollicitations et des attentes.

Les animaux seront donc immolés et on fera des promesses pour l’année nouvelle. Tout cela se passe sous l’œil bien vigilant du célébrant principal familles par familles. Participer à cette cérémonie est source de bonheur, de félicité, de bénédiction et de protection. Les animaux offerts en sacrifice seront cuisinés pour un repas en commun ou distribués aux parents, amis et connaissances. Toutes les familles qui adorent le Tano ont pour principal totem le « cabri » .Malheur à celui qui en consomme.

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