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Le Royaume de Kong

C'est au XVème siècle que sera fondé le Royaume de Kong, situé entre le Burkina Faso et la Côtes d'ivoire actuelle. C'est un Prince Dioula du Clan Traoré, Bokar, qui fuyant l'invasion Mandé décide de s'installer sur cette terre peu habitée à l'époque unifiant sous son autorité les clans Traoré et sénoufos. L'ethnie Dioula a le sens du commerce et excelle dans cet art. Et ces précisément ces échanges commerciaux qui vont faire la puissance du royaume qui atteint rapidement son apogée en 1570.

Pourtant les successeurs de Bokar se soucient peu de protéger les routes commerciales à un tel point que le Royaume commence doucement à sombrer dans une certaine anarchie. A la mort du Roi Dé Maghan en 1548, une guerre civile éclate entre ses fils, Soundiata et Maghan II. C’est ce dernier qui s’assure le trône mais cette guerre a ruiné économiquement le Royaume. Les caisses dont vides, les Rois de Kong perdent peu à peu leur autorité naturelle.

En 1660, le Royaume de Kong est violemment secoué par un coup d’état organisé par le Prince (Mandé) Isaac Traoré que l’histoire va reconnaître sous le nom de Faama Lasiri Gbombélé. Cet animiste convaincu va bouleverser les mœurs en vigueur dans le royaume musulman. Il prend le titre de Nyana Kuruk (Grand Prêtre de Nyana) et confie la direction des affaires religieuses à sa sœur aînée (7 divinités installées). Bien peu de cadis officiels ne tentent de protester. A l’aube de sa prise de pouvoir, l’aristocratie lui sait gré d’avoir mis fin au règne de son prédécesseur qui faisait peu de cas de ses devoirs royaux.
Mais Lasiri Gbombelé ne va guère profiter longtemps de cette gloire militaire. Il s’aliène vite la bourgeoisie commerçante et la noblesse en prenant la décision de mettre sur un pied d’égalité tous ses sujets lorsqu’ils vont devoir s’acquitter des impôts. Pis, il met en place une taxe à l’entrée du Royaume afin de forcer tous les commerçants à lui payer des droits d’entrée dans la capitale. Il refusera même d’autoriser la construction d’une mosquée dans la capitale au grand dam de la noblesse encore attachée au culte de Mahomet.

En 1670, il fait face à la rébellion du Prince Tiéba , descendant du Roi Dé Maghan , qui revendique naturellement ses droits au trône des Traoré. Une partie de la noblesse se rallie à lui mais ses défaites successives vont le pousser à s’enfuir du royaume afin d’échapper à l’arrestation la mise à prix qu’offre Lasiri Gbombelé pour son arrestation (il fera exécuter tous les nobles rebelles et une quantité de chefs traditionnels qui s’étaient également soulevés contre lui). Tiéba Ier se réfugiera, entre autre, à Bouna et ne reviendra que vers 1700 à Kong et tentera de revendiquer de nouveau la succession de Dé Maghan. Ce sera un échec dont il décédera quelques temps après.

C’est le pieu Sheikh Oumar Abdel Kader (né en 1665), fils de Tiéba, qui reprend le flambeau de la révolte, bien déterminé à renverser ce qu’il considère comme un usurpateur devenu plus qu’impopulaire. En 1705, son armée fonce sur Kong et menace la capitale. Il propose l’abdication à Lasiri qui en retour fait exécuter les envoyés d’Abdel Kader. La guerre reprend durant 5 ans sans que les deux souverains en présence n’arrivent à se destituer l’autre. La guerre civile ne prend fin que début 1710 avec l’arrestation par les rebelles de Lasiri et ses fils. Abdel Kader ne tergiversera pas. Ils seront décapités.

Le nouveau souverain de Kong restaure le culte musulman sur l’ensemble du royaume et interdit que les idoles de l’ancien régime soient vénérées. Ses partisans s’empressent de détruire tous les lieux de culte avec un tel zèle qu’en Mars 1710, les partisans de Lasiri se rebellent une nouvelle fois. Il faudra attendre Novembre de la même année avant que cette rébellion ne soit définitivement écrasée (il perd son fils Dyoridian morts aux combats). En hommage à cette victoire, Abdel Kader prend le nom de Sékou Wattara (ou Ouattara) et unifie le royaume deux ans plus tard, accordant la liberté religieuse dans tout son royaume. Une nouvelle dynastie est née

Le royaume de Kong retrouve rapidement une prospérité mise à mal pas des décennies de guerre et de répression et l’armée un véritable vecteur d’ascension sociale. Et il s’agit pour la dynastie Ouattara de l’agrandir. C’est son frère, le Prince Famaghan qui se lance en 1735 à la conquête du Royaume (voltaïque) de Kibidoué (actuelle Bobo Dioulasso) et fonde son propre royaume appelé Gouïriko. D’ailleurs, le Prince ne s’arrête pas là. En 1738, il conquit brièvement le Djenné et Tombouctou mais devant la menace Ashanti entre 1740 et 1742, préfère se retirer dans son nouveau royaume afin de le sécuriser. Même son frère Sékou doit se battre afin de repousser les Ashantis hors de Kong. Zan Bakari, un autre fils de Sékou s’empare du royaume Lobi en 1716 avant de décéder deux ans après des blessures dues à un combat. Sekou Ouattara peut s’emparer en douceur du royaume Lobi mais maintient les fidèles de son fils aux postes les plus importants.

En 1745, Sekou Ouattara meurt. La question de sa succession se pose et pour éviter tous conflits entre ses héritiers, l’Empire de Kong est partagé en deux entités indépendantes. Au Sud , avec pour capitale Kong et au Nord, Bobo Dioulasso.

Source: histoiredelafrique.fr

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