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Les tisserands de Waraniéné

Waraniéné est un village du nord de la Côte d'Ivoire, proche de la ville de Korhogo et qui est particulièrement réputé pour la qualité de ses tisserands.

Le village de Waraniéné compte à ce jour 354 métiers à tisser opérationnels, utilisés par près de 500 tisserands et apprentis; s’y ajoute l’activité de filature et de tricotage traditionnel des femmes du village. L’origine de cet artisanat villageois, tenant aux premières implantations de communautés migrantes Dioula dans le pays Kiembara, a été établie par Yves Person et, plus tard, par Edmond Bernus; son adaptation aux évolutions contemporaines a par ailleurs été étudiée par l’anthropologue américain Robert Launay.

Les tisserands de Waraniéné ont été les premiers à avoir été constitués en Groupement à Vocation Coopérative (GVC), celui-ci exerçant encore une réelle autorité sur les artisans de sorte que les prix de vente des pièces fabriquées ont pu être harmonisés et maintenus face à la pression des revendeurs et des visiteurs de passage. L’existence d’un groupement fort a endigué la tendance à la migration de tisserands vers les sites touristiques côtiers, perceptible au début des années 1970. Il est délicat d’évaluer les chiffres d’affaires et les valeurs ajoutées annuelles des opérateurs, tant les variations saisonnières sont fortes: la vente quotidienne varie en effet de 15 à 300 pièces/jour. Une première approximation, qu’on tentera plus tard d’améliorer, laisse penser à un chiffre d’affaires de l’ordre de 600 millions l’an et à une valeur ajoutée brute de 400 millions – la différence étant constituée d’achats de fils industriels et des colorants sortant des usines de Bouaké et d’Agboville.

L’effet d’entraînement de l’activité sur le niveau de vie des familles est fort, et perceptible par les investissements qu’elle induit (notamment pour ceux des aînés détenant parfois jusqu’à dix métiers où travaillent des dépendants rémunérés) dans l’agriculture cotonnière du village, dans l’élevage et l’immobilier urbain. On doit toutefois regretter que l’aménagement du site actuel se soit fait sans réel souci d’intégration (et d’opérationnalité, tant les halls d’exposition et l’aire de travail sont exposés aux intempéries), et au fil d’initiatives fort peu coordonnées prises, par la Coopération Suisse puis Japonaise, ou menées sur fonds nationaux.

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