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Le département de Bouna

Vers la fin du 16ème siècle, le peuple Lorhon (les ancêtres des Koulango) dont la présence dans l’espace Comoé-Volta remonte à plus de 2000 ans, va connaitre de profondes mutations socio-économiques et surtout politiques.

Ces mutations trouvent essentiellement leur origine dans la mise en place du Royaume Koulango de Bouna dont le héros fondateur, nommé Bounkani, ayant pour mère Mantou qui est la petite sœur du Roi Haïngèrè, et de père Garzyao, prince Dagomba, originaire de Doloma (actuel Ghana).

Aux petites et moyennes chefferies que comptait alors cette région, Bounkani va substituer, par la voie de conquête, un Royaume guerrier de type Dagomba créant ainsi, comme le dit Boutillier (J.L), le premier Etat à pouvoir centralisé à s’être formé dans les frontières de l’actuelle Côte d’Ivoire. A la veille de l’Indépendance, ce Royaume s’étendait de l’Est à l’Ouest, de la Volta Noire à la Comoé; du Sud au Nord; de Nassian à Diébougou (actuel Burkina Faso).

Puissant guerrier, né vers 1385, Bounkani, le héros fondateur du Royaume de Bouna, détrôna son oncle maternel Haïngèrè par ruse et s’en accapara tout en instituant la réforme de succession patrilinéaire aux dépens de lignage matrilinéaire. Afin d’influencer les tribus enclins à la conquête, il nomma son intrépide armée de koulango, ce qui veut dire: « ceux qui n’ont pas peur de la mort ». Cependant, il réserva un accueil chaleureux aux successives vagues migratoires malinké, lobi et birifor pour le développement de son royaume.

L’appellation Bounkani résulte d’après la tradition d’un quiproquo. Alors qu’après son séjour, Garzyao, dont la femme Mantou était enceinte, venait de traverser la Volta Noire pour rejoindre les siens, il fut interpelé de l’autre rive par un émissaire du Roi Haïngèrè qui venait lui annoncer la naissance de son fils et lui demander le nom que doit porter son enfant. Ne comprenant pas ce que le messager lui criait à travers le flot bruyant du fleuve, Garzyao répondit: «Bun bo nkane); ce qui veut dire en langue Dagomba «avez-vous besoin encore de quelque chose? ». Se méprenant sur le sens de ces paroles, le messager rapporta au Roi que le nouveau né doit s’appeler Bounkani.

Selon la tradition orale, à la suite d’une altercation avec sa mère Mantou, Bounkani décida d’appeler « Gbona» la localité de « Kwonkouô» qui signifie (ceux qui ne reculent jamais) localité où il s’était réinstallé après avoir quitté lankara à la suite de son altercation avec sa mère. Ainsi, Gbona est devenue suite à une déformation BOUNA.

La société traditionnelle actuelle est dirigée depuis 2009 par sa Majesté DJ ARAKORONI II, Roi. Depuis le 16ème siècle, le pouvoir se transmet de génération en génération à l’intérieur du clan royal entre les descendants du fondateur du royaume (Bounkani). Depuis le quatrième souverain (Zawari), un triumvirat a été instauré entre les trois fils de ce dernier: Gago, Wôkô et Kounga. Ces trois fils ont donné lieu à des quartiers lignages (Gago-bobenou, Piwari-bobenou et Kounga-bobenou) qui se succèdent alternativement aujourd’hui sur le trône suivant le même rythme.

Chaque souverain est aidé dans sa tâche par cinq rois provinciaux qui font offices de gardiens et conservateurs des droits fonciers coutumiers.

II- LE PEUPLEMENT DU DEPARTEMENT

Les Koulango

Ils ont pour ancêtres les lorhons qui étaient les premiers occupants de la région depuis plus de 2000 ans. Les Koulango sont issus du groupe voltaïque ou gour. En leur qualité de premiers autochtones de la région, les koulango demeurent les propriétaires coutumiers des terres du département de Bouna.
A l’origine animistes, les koulango et en particulier ceux du centre du royaume (sous- préfecture de Bouna) sont aujourd’hui dominés par la culture malinké (dioula) du fait de leur conversion à l’islam.

b) Les Malinké

Arrivés dans le royaume de Bouna par vagues successives en provenance de diverses origines, ils ont été accueillis et installés par ordre d’arrivée. D’abord les Kamara, ensuite les Diabagaté, les Ouattara, les Coulibaly, les Cissé, les Bamba etc. Du fait de leurs activités essentiellement commerciales, les malinké ont très tôt opté pour la vie urbaine et ont créé de grands quartiers (Ouattarasso, Kamarasso, Kardioulasso, Imamisso etc.). Ils vivent en parfaite entente avec les Koulango, propriétaires terriens.

Les Lobi

C’est la dernière communauté à arriver dans le royaume et par vagues successives. Cette importante migration vers le pays koulango fera des lobi au plan démographique, le groupe le plus important. Les peuples lobi sont caractérisés par leur grande mobilité résidentielle à travers l’espace Volta Noire, Comoé et même au-delà. En conséquence, on distingue d’une part les lobi ivoiriens installés dans le royaume depuis la période coloniale et d’autre part les lobi burkinabé et ghanéen dont le nombre est de plus en plus croissant depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Ils sont de grands éleveurs et agriculteurs. Ces peuples constituent une société acéphale. Bien que la cohabitation soit de manière générale pacifique avec les premières communautés sus citées, il n’est pas rare de constater quelques troubles liés aux problèmes fonciers mais aussi et surtout à la suite des conflits opposant les agriculteurs aux éleveurs.

III – STRUCTURE GEOGRAPHIQUE

Le département de Bouna s’étend sur une superficie de 15.380 km2 et, est limité:
– à l’Est par la République du Ghana et la Volta noire;
– au sud, par les Départements de Bondoukou et de Nassian;
– à l’Ouest, par les Départements de Dabakala et Ferkessédougou ;
– au nord, par les Départements de Doropo et de Téhini.

Bouna, le Chef lieu de Département est situé à 603 kilomètres d’Abidjan et à 174 kilomètres du chef lieu de District du zanzan.

IV STATUT ADMINISTRATIF

Situé dans le District du Zanzan, le Département de Bouna a été créé par la loi N° 74-779 du 26 décembre 1974, puis érigé en chef lieu de la Région du Bounkani par le décret nO 2011-263 du 28 septembre 2011.
Elle regroupe les départements de Bouna, Doropo, Nassian et Téhini.
Le Département de BOUNA comprend quatre sous-préfectures notamment: Bouna, Bouko, Ondéfidouo et Youndouo.
Sur les quatre sous-préfectures, seule celle de Bouna est fonctionnelle. Cependant, les nouvelles sous-préfectures créées telles celles de Bouko, Ondéfidouo et Youndouo ne sont pas encore ouvertes. Elles sont situées respectivement à trente (30 km), cinquante sept (57 km) et 58 km du chef-lieu de Ddpartement.

V -STRUCTURE SOCIALE

Selon le Recensement Général de la Population (RGPH 98), la population du département de Bouna est de 96.241 habitants.

a) Grandes communautés

Trois (03) principales communautés peuplent le Département notamment:
-les Koulango : détenteurs de la royauté et exclusifs propriétaires terriens.
– les malinké : la communauté malinké est constituée des familles Ouattara; Kamara;
Cissé ; Coulibaly ; Diabagaté et Bamba.
-les lobi : les familles Kambiré; Hien; Kambou; Palé; Som; Noufé; Sib et Dah composent le peuple lobi.

d) Communautés étrangères ressortissantes hors de la CEDEAO

Les communautés ressortissantes des pays hors CEDEAO sont les français, libanais et mauritaniens.

VI-EVOLUTION DU ROYAUME

a) Fondateur

BOUNKANI était le Premier roi de Bouna. Son règne a débuté en 1580

b) Avant dernier roi

ZAGASSIDA DANA DIRE, avant dernier Roi a, régné de 1996 à 2009

c) Roi actuel

L’actuel roi se nomme Nanan DJARAKORONI II. Son nom à l’état civil est OUATTARA HINISSIE. Il a été intronisé le dimanche 08 novembre 2009.
Le canton central de Bouna compte 284 villages repartis par circonscription administrative.

VII-ACTIVITES CULTURELLES

Le festival d’instruments, de costumes et de danses traditionnelles constitue la plus importante activité culturelle.

VIII- CULTE ET RELIGION

L’Islam est la religion dominante.

Les églises catholiques et évangéliques, toutes issues du christianisme sont reléguées au second plan. Elles recrutent leurs fidèles au sein des fonctionnaires et de la communauté Lobi.

XI-STRUCTURE ECONOMIQUE

Les activités économiques sont l’agriculture et l’élevage. Mais il existe aussi l’artisanat et le commerce qui sont peu développés.

a) L’agriculture

Les principales cultures de rentes sont le coton, la noix de cajou et la noix de karité. Si les deux dernières citées sont en pleine expansion, ce n’est pas le cas du coton dont la production est aujourd’hui abandonnée.

Au niveau des cultures vivrières, la variété d’igname appelée « kponen » constitue le bien le plus prisé avec une production moyenne annuelle de 21.346 tonnes. A cela s’ajoutent le mais, le mil, le sorgho, le riz de bas fond, le haricot et les grains de néré.
Cependant, il convient de signaler que de nombreux dégâts de cultures occasionnés par les éleveurs causent d’importants préjudices aux agriculteurs.

b) L’élevage

Le Département de Bouna est une zone propice à l’élevage. Il se fait de manière traditionnelle.
En effet, l’élevage de bovins et de petits ruminants constituent le second pilier de l’économie du Département comme l’atteste les statistiques de campagne de vaccination effectuée en 2010 dans le département. Bovin(200.000), Ovin (50.000), Caprin (100.000), Porcin (12000), volaille (500.000).
Malgré cela, de nombreux problèmes sont enregistrés dans ce domaine d’activité. Les éleveurs sont confrontés aux difficultés liées à l’occupation anarchique des terroirs villageois par les agriculteurs qui étendent les superficies des cultures de rentes et vivrières sur les pistes et barrages pastoraux. Les affrontements meurtriers entre agriculteurs et éleveurs suite aux dégâts de cultures.

c) Artisanat

L’identification des artisans du Département effectuée en 2010 par la Chambre des Métiers de Côte d’Ivoire donne les statistiques suivantes : les corps de métiers, textile, cuir et peau, artisanat d’art, bâtiment, Alimentation et service, métaux mécaniques, bois, électro-froid.

d) Le commerce

La ville de Bouna dispose d’un marché permanent au chef lieu de Département dont le jour d’affluence est le dimanche.
Ce jour-là, il reçoit des vendeurs et des acheteurs qui viennent de tous les villages, des départements limitrophes tels que Téhini, Doropo, Dabakala, Korhogo et Ferkessédougou ainsi que ceux des pays voisins notamment le Burkina-Faso et le Ghana.
Aussi, le commerce est-il dominé par les opérateurs économiques non nationaux. En revanche les commerçants ivoiriens s’adonnent beaucoup plus à la commercialisation des produits agricoles.

L’on dénombre: deux grandes boutiques, cent vingt sept petites boutiques, trois petites superettes.

X – Infrastructures économiques

La voirie
Il y a 75 km de voies bitumées acceptables et 986 km de voies en terre en mauvais états.

Hydraulique
Un château d’eau de 200m3, un puits de 57 m3 et un forage de 243 m3.

Electricité
Deux groupes électrogènes de 550 kVa l’un.

Education
On dénombre 78 écoles primaires en zone rurale et en mauvais état, un lycée en mauvais état, un collège privé et un collège moderne en construction.

Santé
Un hôpital général, 12 dispensaires ruraux et deux centres de santé ruraux.

XI- PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT ET D’EQUIPEMENT

a)-Réalisation en cours grâce au programme d’urgence présidentiel
Construction d’un collège moderne à Base 4 à Bouna, construction d’école à Saye, construction d’école à Mimiacfouo, construction d’école à Dadjordouo, construction d’école à Koflandé, construction d’école à Massidouo, construction d’école à Kissarèdouo, construction d’école à Sitédouo, construction d’école à Nomidouo, construction à d’école Kouenera.

b)- Les attentes des populations
Construction d’une nouvelle préfecture

2- création des services sanitaires :
– d’urgence;
– dermatologie
– ORL.
– Ophtalmologie;
– Bactériologie-parasitologie;

3- Equipement du bloc opératoire;
4- Reprofilage des routes ;
5- Réhabilitation du stade municipal de Bouna ;
6- construction d’un centre culturel.

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